Un reportage EQDA
Les données peuvent être la pierre angulaire d’une analyse. Terra-i, un projet notamment soutenu par une équipe menée par le professeur Andres Perez-Uribe de la Haute Ecole d’Ingénierie et de Gestion du Canton de Vaud (HEIG-VD) à Yverdon-les-Bains, a pour but d’analyser les données sur la déforestation en Amérique du Sud et en Asie. Ces données sont obtenues par des satellites qui photographient la couverture boisée tous les 16 jours. Les scientifiques collaborent avec des organisations écologistes pour encourager les gouvernements à mieux protéger les forêts.
Les données peuvent être la pierre angulaire d’une analyse. Terra-i, un projet notamment soutenu par une équipe menée par le professeur Andres Perez-Uribe de la Haute Ecole d’Ingénierie et de Gestion du Canton de Vaud (HEIG-VD) à Yverdon-les-Bains, a pour but d’analyser les données sur la déforestation en Amérique du Sud et en Asie. Ces données sont obtenues par des satellites qui photographient la couverture boisée tous les 16 jours. Les scientifiques collaborent avec des organisations écologistes pour encourager les gouvernements à mieux protéger les forêts.
Après un voyage en train d’une heure depuis Genève, Cécile et moi sommes arrivées à Yverdon-les-Bains, où nous avons rejoint le campus de la Haute Ecole d’Ingénierie et de Gestion du Canton de Vaud (HEIG-VD). Nous avions rendez-vous avec les responsables du projet Terra-i, qui analyse la déforestation à travers des données satellitaires. Tous les seize jours, Terra-i reçoit des données actualisées de deux satellites appartenant à la NASA.
Arrivées sur le campus, nous avons traversé les couloirs de l’école, avec des salles de classe et des laboratoires de chaque côté. Toutes les salles étaient vitrées, de sorte que nous pouvions voir les activités des étudiants. Certains suivaient un cours, ils ont levé les yeux pour nous regarder passer puis ont recommencé à écouter leur professeur. D’autres travaillaient dans des laboratoires avec des équipements très modernes. J’ai été frappée par le fait que le campus semblait obéir à un principe de transparence. Aucune activité ne peut y être dissimulée derrière des murs.
C’est Julien Rebetez, qui participe à Terra-i, qui nous accueille et nous montre les deux ordinateurs sur lesquels il travaille pour ce projet. «Dans cette vidéo, on peut voir la réduction de la couverture forestière sur l’île de Bornéo (qui est à cheval sur trois pays : l’Indonésie, la Malaisie et le Brunei). La vidéo a été faite à partir des données compilées par les satellites de la NASA depuis 2004 et jusqu’à fin août 2015. Mais les données doivent encore être validées avant d’être publiées», explique Julien Rebetez.
Un autre écran montre l’île de Bornéo avec des cercles rouges à certains endroits. En quelques secondes, le nombre de cercles augmente massivement. A la fin de la vidéo, les cercles couvrent presque toute la surface de Bornéo. «Ces cercles montrent des cas de déforestation, là où les arbres ont été coupés. De 2004 à 2015, la déforestation à Bornéo s’est accélérée», souligne Julien Rebetez.
Je suis étourdie de voir cette île anciennement verte aujourd’hui complètement remplie de cercles rouges. Cela signifie qu’en onze ans, la forêt a disparu de manière importante.
Julien Rebetez indique qu’il utilise l’Indice de végétation par différence normalisé (NDVI en anglais), qui se base sur la télédétection pour recueillir des images de bonne qualité. Le satellite capte les infrarouges présents dans le processus de photosynthèse des plantes.
Quelques minutes plus tard arrive le professeur Andres Perez-Uribe. «Les infrarouges ne sont pas visibles par l’oeil humain. Mais les lentilles de caméra les détectent facilement pendant le processus de photosynthèse des végétaux».
Andres Perez-Uribe nous explique aimablement que la HEIG-VD participe depuis neuf ans au projet Terra-i, qui est mené par le Centro Internacional de Agricultura Tropical (CIAT) en Colombie. L’accent est mis sur l’Amérique du Sud et l’Asie. Les données satellitaires sont collectées, analysées et transmises à l’organisation Global Forest Watch. Cette organisation non gouvernementale publie ensuite des cartes et des données sur son site. «Le gouvernement péruvien utilise par exemple les données publiées par Global Forest Watch. Il a même formé ses employés pour qu’ils sachent utiliser les données sur les forêts pour influencer la politique dans ce domaine» , souligne Andres Perez-Uribe. Les données de Terra-i ont également été utilisées par l’Université de l’Ohio pour analyser la production de cocaïne au Honduras, en Amérique centrale.
Julien Rebetez précise encore que les données recueillies tous les 16 jours représentent quatre téraoctets d’images téléchargées depuis le satellite avec une résolution spatiale de 250 mètres. L’accès à ces données est gratuit. L’équipe de Terra-i a mis au point un algorithme informatique qui fait la différence entre 45 types de végétations. Ainsi les scientifiques savent par quoi la forêt a été remplacée : plantations de cacao, palmier à huile, etc. Les données sont vérifiées par le CIAT et validées par des géographes.
«Nous continuons à développer les méthodes d’analyse les plus récentes. L’algorithme utilisé actuellement affecte la vitesse du processus d’analyse. Il faudrait l’améliorer mais il est assez difficile d’obtenir du financement pour la recherche sur les algorithmes. Car en général, les agences de financement pensent que ce type de recherches n’est pas urgent», regrette Andrez Perez-Uribe. Julien Rebetez nous montre alors sur son écran d’ordinateur ce que l’on entend par algorithme. Il s’agit d’une variété de formules, des chiffres et des lettres qui sont utiles pour filtrer les données.
Les deux scientifiques précisent encore que la grande difficulté de ce projet est la couverture nuageuse qui affecte la qualité des images. Il faut parfois attendre de nombreux jours pour obtenir une image claire d’une certaine région. A l’avenir, il sera vraisemblablement possible d’utiliser les données récoltées par des drones pour les combiner à celles des satellites pour avoir des images de meilleure qualité. Les drones peuvent en effet s’approcher de l’objet qui les intéresse et recueillir des données sur une plus petite échelle. (Dian Lestari/à suivre).
Traduction de l’indonésien: Dwiria Wahyuni. Relecture des traduction: Cécile Rais
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