Un reportage EQDA
« Et chez vous, il y a un parti qui lutte pour la préservation de l’environnement ? ». Cette question d’une membre du Parlement suisse, la Verte Adèle Thorens Goumaz, me frappe lors de notre rencontre à Berne. Et la réponse est non : il n’y a pas de parti écologiste en Indonésie. En Suisse en revanche, le parti Les Verts se bat notamment pour que le pays n’importe plus d’huile de palme qui détruit la forêt et la vie des communautés locales.
Berne est la capitale de la Suisse et c’est là que se trouve le Palais fédéral, le siège du Parlement. Se trouver devant le Palais, c’est comme retourner dans les siècles passés tant le bâtiment, construit il y a 114 ans, est classique et majestueux. Une fois passés les contrôles de sécurité, la journaliste Cécile Rais et moi attendons la conseillère nationale Adèle Thorens Goumaz, qui termine la session parlementaire. Cécile m’explique que les parlementaires sont élus pour quatre ans et qu’ils viennent au Palais fédéral quatre fois par an pour une session parlementaire de trois semaines. Le reste du temps, les élus exercent un autre travail. « Certains sont avocats, instituteurs ou paysans », m’explique Cécile. Une phrase qui m’interpelle. « En Indonésie, il est peu probable que des paysans soient élus au Parlement, car généralement ils ne reçoivent pas une bonne éducation », lui dis-je.
Adèle Thorens nous rejoint après la fin de la session et nous emmène dans la pittoresque salle des pas perdus, toute proche de la salle du parlement. La députée nous explique que la Suisse est en train de négocier un accord de libre-échange avec la Malaisie. Les Verts veulent exclure l’huile de palme de l’accord. « Je pense que les gens ici ont pris conscience qu’ils ne voulaient pas consommer de l’huile de palme qui détruit l’environnement », explique cette ancienne du WWF.
Récemment elle a rencontré des Penang, une tribu de Malaisie, qui ont visité la Suisse. «J’ai dû retenir mes larmes en entendant leurs histoires. Leur vie a été ruinée par les compagnies d’exploitation et la déforestation. Ils n’ont même plus accès à l’eau potable ».
Adèle Thorens reconnaît que l’huile de palme est avantageuse et qu’elle peut s’utiliser dans de nombreux produits, comme parfois dans certains chocolats pour adoucir la texture. La Suisse s’est engagée à acheter de l’huile de palme certifiée. Et en plus, les paysans suisses produisent des huiles végétales comme le colza, plus saines et qui ne dévastent par l’environnement.
Selon la parlementaire, deux des plus grands commerces de détail en Suisse, Migros et Coop, se sont engagés à n’utiliser que de l’huile de palme respectueuse de l’environnement.
Il y a quelques années encore, les étiquettes alimentaires indiquaient «huile végétale», alors qu’il s’agissait souvent d’huile de palme. Aujourd’hui, l’étiquette doit préciser si le produit contient de l’huile de palme ou non. Car aujourd’hui en Europe, ce produit a une mauvaise réputation et de nombreux citoyens suisses se posent des questions. «Les Suisses sont très attachés à leurs forêts, à la forêt en général. Ils ne veulent pas être responsables de la destruction des forêts tropicales comme à Bornéo, qui a de graves conséquences sur l’avenir de la planète», déclare Adèle Thorens, qui reconnaît cependant que la population suisse est trop petite pour peser seule dans la balance mondiale.
À la fin de l’entrevue, Adèle Thorens me demande s’il existe un parti écologiste en Indonésie. Je lui réponds que non. «Je pense qu’il est important d’encourager l’Indonésie à avoir un parti vert. Nous avons tellement de conflits concernant les ressources naturelles. Chez moi au Kalimantan occidental, les conflits fonciers sont légions entre les communautés vivant dans la forêt et les compagnies d’huile de palme», lui dis-je. (Dian Lestari/ à suivre)
Traduction de l’indonésien: Dwiria Wahyuni. Relecture des traduction: Cécile Rais