Un reportage EQDA
Pendant une semaine, la journaliste indonésienne du Tribun Pontianak Dian Lestari a suivi un programme d’échanges entre journalistes en Suisse. Des journalistes de sept pays sélectionnés par l’association En Quête d’Ailleurs (EQDA) ont été mis en relation avec des journalistes suisses pour former des duos et travailler ensemble afin d’enrichir les connaissances de chacun.
Cette année, le programme avait pour but de réfléchir et de partager les expériences de chacun sur le thème des développements technologiques (dans le domaine du journalisme) au service du progrès.
Six journalistes provenant du Rwanda, du Togo, du Cameroun, de Madagascar, du Sénégal, de Côte d’Ivoire et moi nous sommes retrouvés lundi 30 mai 2016 dans les bureaux d’EQDA à Lausanne. Nous y avons retrouvé nos binômes suisses, qui nous accompagnent durant la semaine de reportages. Cécile Rais, journaliste web de la Radio Télévision Suisse, est ma partenaire dans l’élaboration de projets en Suisse et au Kalimantan occidental.
Cécile m’a accueillie la veille à l’aéroport, après un très long voyage de 23 heures environ depuis Pontianak. Elle s’est efforcée de tout m’expliquer en anglais. «Ici je parle peu l’anglais mais je vais essayer de tout traduire pour que tu puisses bien comprendre», me dit-elle.
La Suisse est un pays d’Europe dont les habitants parlent le français, l’allemand, l’italien et le romanche suivant la région où l’on se trouve. A Genève et Lausanne, qui sont proches de la frontière avec la France, on parle le français. Alors que dans la capitale Berne, on parle le suisse-allemand, une version helvétique de l’allemand.
Cécile a vite compris que je ne pouvais pas parler très bien français, contrairement aux six autres journalistes du programme. J’ai appris quelques mots de français durant mes cours à l’Université Tanjongpura. «Je peux lire des phrases courtes et parler simplement en français», ai-je expliqué à Cécile.
Claire Neyroud, du programme EQDA, m’a également aidée à comprendre de nombreuses choses nouvelles en Suisse. En m’emmenant de l’aéroport de Genève à Lausanne, elle me raconte : «Je suis allée à Jakarta il y a quelques années. Je peux comprendre les différences de climat et de règles entre là-bas et ici».
Durant le trajet de 60 kilomètres entre les deux villes, j’ai été frappée par la beauté des paysages. D’un côté vignobles et collines, de l’autre montagnes enneigées et eaux cristallines du Lac Léman, qui sépare la Suisse de la France.
Le printemps était là mais il faisait encore froid avec une température de 16 degrés, contrastant avec la chaude ambiance dans les bureaux d’EQDA. Avant la cérémonie officielle, nous avons pris un petit déjeuner. L’occasion de se présenter, d’évoquer la situation dans nos pays respectifs et de parler de nos reportages à venir.
Christophe Chaudet, le président de l’association EQDA et adjoint à la Direction des programmes de la RTS, a ouvert la partie officielle en félicitant les 14 journalistes réunis pour cet échange. «Le programme de cette année vise à mieux comprendre l’impact socio-économique de la digitalisation sur notre société d’aujourd’hui», a de son côté indiqué Marc-Henri Jobin, directeur d’EQDA et du Centre de formation au Journalisme et aux Médias (CFJM), qui a souligné que l’usage des technologies était primordial pour une meilleure compréhension mutuelle.
EQDA est une association sans but lucratif qui vise à mettre en lien des journalistes suisses et des journalistes d’ailleurs. L’organisation ne permet pas seulement aux journalistes de travailler dans les différents médias de Suisse et d’ailleurs, elle a aussi pour but de favoriser des échanges d’informations qui sont utiles à la société d’aujourd’hui. Elle a différents partenaires, dont la Radio Télévision Suisse, les Radios Régionales Romandes et le CFJM. Ses fonds proviennent de la Direction du développement et de la coopération (DDC) et du CFJM.
Chaque participant a ensuite eu l’occasion de présenter brièvement son idée de reportage, qui sera mené en Suisse et dans son pays. «Je crois que les gens détestent souvent les choses qu’ils ne comprennent pas. Je suis convaincue que la technologie et le journalisme jouent un rôle de plus en plus important car ils permettent de mieux comprendre le monde qui nous entoure. Par exemple dans ma région, le Kalimantan occidental, l’utilisation de drones pour la cartographie sert à résoudre des conflits concernant les ressources naturelles», ai-je expliqué devant tous les participants.
Dans son introduction, Géraldine Zeuner, la responsable des affaires culturelles de la DDC, a souligné que les technologies de l’information se développent rapidement. La Suisse a des programmes prioritaires en Afrique et en Amérique latine et analyse l’utilisation des technologies selon les besoins des communautés. «En Inde par exemple, le téléphone portable est utilisé pour payer ses factures d’assurance», souligne Géraldine Zeuner, qui connaît par ailleurs bien le Kalimantan occidental suite à un voyage il y a quelques années.
Quand je lui ai demandé en quoi l’usage des nouvelles technologies pouvait aider le Kalimantan occidental, elle m’a répondu que le point le plus important était l’état d’esprit des communautés. «La technologie n’est qu’un outil. Elle doit être abordable, durable, s’adapter aux capacités sur place et être compréhensible par les partenaires locaux». Elle a également précisé que la Suisse s’engageait dans des projets technologiques promouvant l’innovation, l’égalité des chances, la transparence et la sécurité afin de contribuer au développement sur place.
Après ces discussions enrichissantes, les journalistes suisses et étrangers étaient tous prêts à partir sur le terrain pour interroger des experts dans les technologies numériques. Cécile et moi sommes retournées à Genève pour débuter cette semaine de reportages. (Dian Lestari/à suivre).
Traduction de l’indonésien: Dwiria Wahyuni. Relecture des traduction: Cécile Rais