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Energies nouvelles, fruit de la passion individuelle

Energies nouvelles, fruit de la passion individuelle

LE REPORTAGE D’ALBERT TWIZEYIMANA EN SUISSE

En Suisse, biogaz, géothermie, photovoltaïque et autres énergies renouvelables nécessitent des équipements chers. Alors que les appuis étatiques restent souvent insuffisants pour l’épanouissement de ces énergies locales, des passionnés montrent l’exemple. Comme George Martin ou Daniel Tiercy, dans le canton de Vaud.

Monsieur Georges Martin, à La Grange à Jaunin, dans le Canton de Vaud, ne perd pas de minute sans jeter l’œil sur ses installations de biogaz. Depuis 2001, cet agriculteur qui gère une exploitation de 53 hectares et une ferme de nombreuses vaches, porcs et poules pondeuses à Puidoux, a mis en place un digesteur de 400 mètres cube, avec un gazomètre souple intégré pour le stockage temporaire du biogaz. Le digesteur reçoit régulièrement des matières organiques composées par des déchets de sa ferme et autres résidus agro-industriels comme la poussière de moulin, les contenus de panses, les gazons, les graisses végétales comestibles, etc.

En améliorant ses installations, le propriétaire a obtenu de meilleures conditions tarifaires grâce à une durée de fonctionnement réduite du couplage chaleur-force et à une injection ciblée du courant dans le réseau. Aujourd’hui, Mr Martin produit plus ou moins 6500 Kwh, soit une consommation de 155 ménages. L’électricité produite est utilisée pour le réchauffage du digesteur, le chauffage de sa maison d’habitation et pour la couverture des besoins en eau chaude de son abattoir, soit 500 litres chaque jour. Le surplus est injecté dans le réseau de la Romande Energie.

« Ma seule passion est de produire de l’énergie à partir des matières naturelles. Je me sens satisfait quand je revends mon énergie au réseau public », se félicite Mr Martin, très fier de consommer sa propre électricité écologique et de la revendre plus cher, en ajoutant «quand on est polyvalent et prêt à tout, on voit que la nature est pleine des matières qu’on peut exploiter sans détériorer l’environnement». Ce producteur apprécie le tarif de rachat car son courant vert est au haut prix.

Comme Mr Martin, par passion d’exploiter les bienfaits de la nature, Daniel Tiercy, dans le canton de Vaud toujours, a couvert son toit de panneaux solaires sur 20 mètres carrés produisant plus ou moins dix mille kwh par an et plus de 14000 kwh de chaleur. Ainsi, son toit garantit la couverture de tous les besoins énergétiques de sa famille et un surplus injecté dans le réseau électrique fédéral. « Je prends du plaisir quand mes panneaux accumulateurs et capteurs solaires fournissent de l’énergie nécessaire pour ma maison et mes voisins », explique ce passionné des énergies renouvelables. Pour lui, ces énergies nouvelles constituent un investissement à moyen terme et une solution globale et maîtrisable.

Des subventions

Les installations du biogaz agricole de Mr Martin sont évaluées à 1.5 million de francs suisses. «Nombreux veulent bien consommer l’énergie écologique, mais le coût des installations et des services de maintenances demandent de gros moyens qui ne sont pas à la portée de tout le monde », note cet agriculteur de Puidoux. Cet avis est partagé par Nicolas Erbeau, du bureau d’étude Sol-Air Concept, qui affirme que pour être autonome en énergie domestique, on doit impérativement se procurer des installations de base. « Sans subventions, ces énergies qui sont dans toutes les bouches resteront un privilège des passionnés ou des amateurs de l’environnement », estime-t-il. Par exemple, le coût d’une installation solaire comprend l’achat des capteurs, de l’accumulateur, du système de régulation, des conduites de raccord ainsi que le montage et le petit matériel d’installation. Cependant, pour Mr Erbeau, il faut rentabiliser tout ce qui peut produire de l’énergie dont on a de plus en plus besoin dans ces jours du règne des machines.

En effet, l’ensemble des sources d’énergies renouvelables, comme le biogaz, la géothermie, le photovoltaïque, l’énergie éolienne ou solaire nécessitent des équipements d’installations modernes et chers. D’aucuns pensent que le manque de subventions de la confédération reste un obstacle à l’épanouissement des énergies locales. Toute la confédération suisse compte plus ou moins 30 grandes stations de biogaz. Pour Olivier Meile, responsable du domaine Bâtiment-Technologie de l’Office fédéral de l’énergie, seul l’exploitation des énergies nouvelles peut diminuer la dépendance de l’étranger, car trois quarts de l’énergie consommée en Suisse sont importés. Pour lui, ces énergies apportent plus d’indépendance, préservent l’environnement et sont plus économiques.

Pour le moment, différents cantons et communes octroient des subventions pour des installations des énergies nouvelles. Dans la plupart des cantons, on déduit de sa déclaration d’impôts les dépenses consenties pour l’aménagement d’une installation lors d’assainissements, ce qui permet de diminuer le montant des impôts.

Cette énergie hydroélectrique couvre plus de 50% des besoins en électricité. Les nouvelles énergies couvrent 5,7% de la demande totale.

Albert-Baudouin Twizeyimana, Syfia Grands Lacs/Agence de presse

Albert Twizeyimana

Sociologue et journaliste de formation et de carrière, j’ai travaillé comme journaliste jusqu’à ce jour au Rwanda en particulier, et dans la région des Grands Lacs en général, et comme pigiste à l’étranger. Outre des compétences certaines en recherche d’informations et techniques de rédaction (presse écrite et radio), je suis animé d’un profond sens de l’éthique journalistique et, comme les nombreux activistes des droits de l’homme, convaincu de l’extrême valeur du respect des droits de chacun. Aujourd’hui je jouis des qualités de formateur en journalisme de la presse écrite.

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Albert Twizeyimana

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