LE REPORTAGE DE CHRISTOPHE CANUT AU BURKINA FASO
50 % des ordures de Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, finissent dans la rue ou dans des décharges sauvages.
Ce qui pose de sérieux problèmes en matière de pollution et de salubrité publique. Et pourtant la ville ne ménage pas ses efforts.
La capitale a mis en place une filière complète de recyclage qui va de la collecte des déchets à leur valorisation dans une usine flambant neuf. Les femmes, dans cette organisation, jouent un rôle-clé. Elles partent trois jours par semaine, tôt le matin, avec une charrette et un âne, arpenter les rues de la ville pour ramasser les poubelles et inciter les habitants à s’abonner à ce service: entre 500 et 2500 francs CFA selon les quartiers, les moyens utilisés et la régularité des passages.
Ces initiatives sont importantes, mais demeurent insuffisantes car la ville est extrêmement étendue et ne cesse de s’agrandir: 1,2 millions d’habitants vivent sur une superficie quatre fois plus importante que Paris! Sans compter les migrants qui viennent s’installer chaque jour en périphérie de la cité.
Ils seraient près de 800 000 à vivre sans eau ni électricité au milieu de dépotoirs sauvages et sans savoir quoi faire de leurs déchets. Certains les brûlent, d’autres vont les jeter dans les champs voisins pour fertiliser les sols, mais rien n’y fait: les maladies, paludisme en tête, sont omniprésentes et les habitants se sentent mis à l’écart, ignorés des autorités locales.
Mais peut-il en être autrement? La ville consacre déjà 10 % de son budget à la gestion d’une partie des 800 tonnes d’ordures générées chaque jour par ses concitoyens et ses finances sont limitées.
La solution est peut-être du côté des récupérateurs: des enfants ou des adultes se retrouvent régulièrement sur les tas d’ordures sauvages pour ramasser ce qui peut l’être. Ils vendent ensuite leur butin (des chaussures, des boites de conserve, des sacs plastiques, des flacons de parfum…) à des grossistes ou des artisans locaux qui en feront bon usage.
Entre débrouille et volontarisme politique, entre insalubrité et gaspillage, « De quoi j’me mêle » mène l’enquête dans les montagnes de déchets de Ouagadougou.
Un reportage de Christophe Canut
Réalisation : Jean-Philippe Zwahlen
Présentation : Marc Giouse