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Zinal : un village sous surveillance

Zinal : un village sous surveillance

UN REPORTAGE EN SUISSE DE MASSIGA FAYE (LE SOLEIL)

Dans le village de Zinal, des outils d’observation avec des cartes, un système de monitoring avec des antennes GPS sur les cailloux permettent de prévenir le déclenchement d’une lave torrentielle dans une zone d’habitation ou touristique.

(Sion) – Un village sous surveillance ! Le propos n’est point exagéré pour décrire l’approche mise en place par les autorités du canton du Valais pour protéger le village de Zinal. Niché à 1675 m d’altitude, Zinal se découvre sous une épaisse couverture nuageuse. Des arbres à épine et des sapins tapissent les versants de la montagne. Des ouvriers s’activent à rattacher des murs qui partent. Au même moment, une équipe de géologues vérifie l’ouvrage de protection. Sur place, des caissons de terre sont logés dans des armatures pour lutter contre les avalanches qui surviennent entre mi-décembre et mi-avril. Le ballet des pelles mécaniques est incessant. A la manœuvre, les spécialistes affinent les contours d’un déversoir en chantier.

 Dans la zone touristique de Zermatt, la dégradation du permafrost (une partie du sol qui gèle en permanence)  alpin se matérialise au travers d’une augmentation des instabilités de terrain. Ce qui occasionne un déclenchement de laves torrentielles. « Pour prévenir la chute de pierres qui rebondissent sur les routes, des filets de protection ont été mis en place », explique le géologue Guillaume Favre-Bulle. Il étudie le phénomène pour le Centre valaisan de recherche sur l’environnement alpin à Sion. Un ouvrage de 3,6 millions de francs sur financement de la Confédération, du Canton et de la Commune. Le géologue rappelle que le premier événement lié à la lave torrentielle remonte à 2006. Il l’explique comme un phénomène qui fait que l’eau qui entre dans le sol composé de particules fines (sable et argile) qui se chargent en eau et qui part d’un seul coup. « Cela peut emporter de gros cailloux », précise Guillaume Favre-Bulle.

Des outils d’observation avec des cartes, un système de monitoring avec des antennes GPS sur les cailloux permettent de prévenir le déclenchement d’une lave torrentielle dans une zone d’habitation ou touristique. « Le réchauffement climatique implique qu’on ait des problèmes d’érosion qui deviennent de plus en plus hauts », renseigne l’ingénieur, qui ajoute que la vitesse de déplacement des glaciers rocheux s’accélère en raison de 5 mètres par année contre 1 mètre auparavant. Cela est visible avec ce phénomène de tapis roulant qui vous amène des cailloux du versant de la montagne et cela peut tomber. « Le danger est permanent. Il a tendance à s’accélérer ces dernières années », opine le géologue.

La gestion du risque se fait avec des cartes du danger qui permettent de gérer l’aménagement du territoire. Elles sont de trois couleurs principales : jaune, bleu, rouge. Il y en a pour tous les dangers : les avalanches, les cours d’eau, les chutes de pierre, les éboulements. « Le but, estime Guillaume Favre-Bulle, caractériser les endroits où il ne faut pas construire de maison parce que le risque est trop élevé ». Dans le village de Zinal, des maisons et des campings sont dans une zone rouge.

Pour faire face aux effets du changement climatique, les autorités helvétiques ont mis en place un programme pilote. « Dans ce programme, on a mis au point des indicateurs environnementaux qui influencent la possibilité d’avoir le départ d’une lave torrentielle », explique l’expert. Avec des stations de mesure, la pluie, la température et la fonte de la neige sont observées. En collaboration avec les services de MétéoSuisse, les techniciens disposent de cinq jours de données de prévision. A Zinal, par exemple, il y a possibilité d’évacuation si un gros mouvement du glacier est détecté.

El Hadji Massiga Faye

Après des études de journalisme à l’université Cheih Anta Diop de Dakar, Massiga Faye a collaboré comme journaliste reporter aux services Société et Culture du quotidien Le Matin. Depuis 2007, il travaille au quotidien Le Soleil (service Culture et Médias) à Dakar. A ce titre, il a couvert diverses manifestations culturelles en Afrique et en Europe.

Lea Gloor

Lea Gloor, 28 ans, est journaliste et responsable de la cellule web au quotidien régional neuchâtelois ArcInfo. Elle a fait ses premières armes, loin des pays du Sud, sur le – froid – terrain chaux-de-fonnier. Après son stage en rubrique locale, elle consacre son énergie au développement du site web, notamment en sensibilisant la rédaction aux codes de la Toile et à la particularité des formats numériques. Avant de travailler en rédaction, elle a étudié l’anglais, la sociologie et la communication et a décroché un Master en journalisme à l’Université de Neuchâtel. Ce voyage au Sénégal constitue sa première expérience professionnelle à l’étranger.

Massiga Faye

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