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Le CICR aide les familles à se retrouver

Le CICR aide les familles à se retrouver

UN REPORTAGE DE SEREINA DONATSCH AU KENYA – MEDIA DE REFERENCE : ATS

Le rétablissement des liens familiaux (RLF), pour reprendre les termes du CICR, «consiste à recueillir des informations auprès de la personne qui recherche un proche dont elle a perdu la trace, mais aussi partout où l’espoir subsiste de trouver une piste et dans le meilleur des cas de réunir des familles», explique souriante Jennifer Seninde, chargée de ce service depuis plus de 20 ans à Kampala, capitale de l’Ouganda.

Deux minutes

Le CICR offre cette possibilité dans de nombreux camps de réfugiés, comme dans celui de Kisoro, au sud-ouest de l’Ouganda, où des centaines de réfugiés ayant fui la République Démocratique du Congo (RDC) arrivent quotidiennement. «Nous leur permettons de prendre contact avec leur famille restée dans le pays pour les rassurer, leur dire qu’ils sont bien arrivés et qu’ils sont sains et saufs», résume Bernard Manishimwe, travailleur humanitaire de la Croix-Rouge ougandaise.

Le CICR dispose de milliers de collaborateurs basés dans les zones de conflits et de relais notamment auprès des sociétés nationales de la Croix-Rouge. Malgré ce réseau, il est souvent difficile de remettre des messages écrits dans certaines régions et «cela prend énormément de temps», observe M. Manishimwe. Face à ces contraintes et devant l’évolution et le développement des technologies de la communication, l’organisation genevoise a élargi l’offre en incluant un service de téléphonie mobile.

«Depuis l’année dernière les réfugiés ont la possibilité de contacter leur proches par téléphone. Ils disposent de deux minutes pour leur appel», explique Bernard Manishimwe. «Contrairement à l’envoi de messages écrits qui peut prendre trois à quatre mois, c’est un moyen très rapide, efficace et bon marché», se réjouit-il.

Des milliers d’enfants

«Il s’agit en priorité d’aider les groupes vulnérables, notamment les enfants mineurs non accompagnés et séparés de leur famille», poursuit-t-il. Mi-juillet plus de 37’000 enfants congolais ont été enregistrés par la Croix-Rouge ougandaise – qui effectue un travail sur place, notamment dans les camps de réfugiés, alors que le CICR chapeaute et finance ses missions. Parmi eux, 122 étaient des mineurs non-accompagnés.

Patrick Musafin, âgé de 15 ans, fait partie des nombreux enfants et adolescents arrivés seuls après avoir fui les violences en RDC. Ce garçon chétif et timide, au regard plein d’espoir, n’a pas réussi à joindre ses proches en RDC. «Le réseau est trop mauvais», note le travailleur humanitaire qui accueille la file de personnes qui souhaitent téléphoner.

Patrick n’a pas eu de chance, mais généralement «le service téléphonique nous aide à trouver les proches des mineurs non accompagnés beaucoup plus rapidement, relève Bernard Manishimwe, à condition qu’ils puissent être joints par téléphone et que la connexion soit bonne bien sûr», poursuit-il. Le CICR, dont l’une des plus importantes missions dans le monde est déployée en RDC, a ainsi permis à près d’un millier de jeunes Congolais de retrouver leur famille en 2012.

Service méconnu

Le rétablissement des liens familiaux compte parmi les missions les plus anciennes offertes par les Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, en collaboration avec le CICR. Malgré cette longévité, les nouveaux arrivants dans le camp ignorent souvent l’existence de ce service.

«Ils sont submergés d’informations à leur arrivée au camp, il est donc important que l’existence de cette assistance leur soit régulièrement rappelée», concède M. Manishimwe. Conscient de ce problème, le CICR prévoit d’ailleurs de distribuer des brochures en plusieurs langues.

Malgré ce constat, le CICR peut s’enorgueillir d’un certain succès. L’institution recense ainsi plus de 18’000 appels téléphoniques effectués depuis l’Ouganda par des réfugiés congolais en 2012. Quelque 4000 messages écrits ont également été récoltés et 2000 distribués, écrit le CICR sur son site internet.

Guerres actuelles et passées

Outre les situations d’urgence liées à un conflit en cours, le CICR intervient également dans des contextes d’après-guerre, comme dans le nord de l’Ouganda. Cette région a été ravagée par la guerre civile pendant près de vingt ans. «Nous poursuivons nos efforts pour permettre aux personnes qui avaient été enlevées de retrouver leurs familles», explique Mme Seninde. Plus de 35’000 enfants auraient été enlevés par la guérilla de l’Armée de Résistance du Seigneur (LRA), un mouvement hostile au gouvernement ougandais.

Ce conflit – qui a pris fin en 2006 – a engendré le plus grand nombre de personnes déplacées en Afrique, selon l’ONU. «Outre les civils déplacés par les violences en RDC et au Sud Soudan, nous continuons à assister les victimes du conflit au nord de l’Ouganda. Il y a les conséquences des guerres en cours, mais également celles des guerres passées», rappelle Jennifer Seninde.

Un réfugié congolais se trouve dans la tente de la Croix-rouge ougandaise. Celle-ci offre un service téléphonique aux réfugiés qui peuvent ainsi rassurer leurs proches restés en RDC. Camp de Nyakabende, 3 juillet 2013
Un réfugié congolais appelle un membre de sa famille via la Croix-rouge ougandaise. Camp de Nyakabende, 3 juillet 2013.

Sereina Donatsch

Après un Master en science politique à l’Université de Lausanne, Sereina Donatsch, 30 ans, a écrit des piges pour 24 heures, tout en travaillant à la rubrique en ligne de l’Agence Télégraphique Suisse (ATS) pendant une année. A côté de son emploi, Sereina a également travaillé pour l’association Franc-Parler où elle a enseigné bénévolement le français à des femmes immigrées. Actuellement elle termine son stage RP à la rubrique étrangère de l’ATS.

Matilda Nzioki

Matilda Nzioki est une jeune journaliste kenyane spécialisée dans le reportage. Elle travaille dans les médias depuis un peu plus de cinq. Elle collabore à Mediamax Network à Nairobi. Matilda est diplômée en langage et communication, et en français, de l’Université de Nairobi. Elle est actuellement en congé de formation (Global Media and Communication) à l’Université de Warwick en Grande Bretagne. Auparavant elle a collaboré comme reporter, depuis 2008, au quotidien The Standard, toujours à Nairobi Matilda parle kamba, swahili et anglais, mais se débrouille aussi couramment en français, qu’elle a étudié à l’école, puis à l’Alliance Française et enfin lors de ses études universitaires. Motivée par l’espoir de voir la fin de la souffrance humaine, elle donne de son temps libre à des activités bénévoles.

Sereina Donatsch

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