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La logistique à la base de l’aide humanitaire

La logistique à la base de l’aide humanitaire

UN REPORTAGE DE SEREINA DONATSCH AU KENYA – MEDIA DE REFERENCE : ATS

Plus de 10’000 tonnes. C’est le poids de l’aide humanitaire envoyée en 2012 depuis les deux principaux centres logistiques du CICR, Genève et Nairobi. Quelque 8000 tonnes de marchandises ont été acheminées depuis la capitale kenyane et un peu plus de 2000 tonnes de produits sont partis depuis Genève.

«Ces achats atteignent environ 170 millions de francs par an », précise la cheffe de la division logistique à Genève, Annelaura Giovannini. Devant de telles quantités, «la logistique est un aspect essentiel de l’organisation de nos opérations», relève-t-elle.

Nairobi, hub humanitaire d’Afrique

Le CICR dispose de 100’000  m2 de surface de stockage – soit l’équivalent de 14 terrains de football – et dessert le monde entier en produits pharmaceutiques, produits orthopédiques et divers équipements pour aider les populations dans des zones de conflit ou d’urgence.

Avec ses 8150 m2, Nairobi est le plus grand centre logistique. Il se charge principalement des opérations en Somalie, au Sud Soudan et en République Démocratique du Congo (RDC). Mais «nous fournissons également de l’aide aux pays alentour, comme l’Ouganda, le Rwanda ou l’Ethiopie», précise Alessio Pagliarini, directeur des achats au centre logistique du CICR dans la capitale kenyane.

« Nairobi c’est le hub humanitaire d’Afrique», résume Christoph Luedi, à la tête de la délégation d’Afrique de l’Est, «mais selon ce qui est plus rapide, l’aide provient d’un autre centre logistique». Celui du Kenya est spécialisé dans les secours et son stock d’aide non alimentaire (couvertures, bâches, kits de base, etc.) permet de subvenir aux besoins de «100’000 personnes en tout temps», selon Mme Giovannini.

Anticiper l’urgence

La base logistique de Genève coordonne toutes les activités de l’organisation et s’occupe de l’équipement médical, de l’assainissement et l’approvisionnement en eau. «Des produits à haute valeur ajoutée et qui se conservent dans des conditions de stockage difficiles», explique Mme Giovannini. «En somme, à Genève il y a plus en valeur, mais moins en volume comparé à Nairobi», remarque Thierry Fournier, chef-adjoint de la division logistique à Genève.

Outre Genève et Nairobi, le CICR dispose de cinq centres logistiques régionaux. Au total, l’agence humanitaire possède «2300 véhicules et plus de 100 entrepôts», précise Mme Giovannini.

«Il faut pouvoir intervenir rapidement. Ainsi, en fonction des stocks disponibles, Genève décidera par exemple d’envoyer les marchandises depuis un centre régional plutôt que de les commander à un fournisseur», analyse M. Pagliarini.

Des stocks d’urgence doivent donc être positionnés au plus proche des zones sensibles, car «quand il y a des situations d’urgence, toutes les organisations humanitaires veulent intervenir et les mêmes articles sont commandés en même temps», poursuit-il.

Un facteur économique

Une majorité des marchandises est néanmoins acheminée directement depuis les producteurs, car le CICR ne stocke jamais de nourriture. La conservation des denrées alimentaires «comprend un ensemble de procédés de traitement plus compliqués, surtout dans les pays chauds et humides», explique M. Pagliarini.

Selon le responsable des achats à Nairobi, «90% de la nourriture achetée provient de fournisseurs locaux ou régionaux». Des achats sur le marché local qui ont aussi des effets positifs pour le pays. «Il faut savoir qu’une grande partie du business commercial au Kenya est générée par les organisations humanitaires», note Alessio Pagliarini.

Outre les commandes effectuées dans le pays, la présence d’organisations humanitaires comme le CICR peut à elle seule générer beaucoup d’argent. Selon le chef de la délégation d’Afrique de l’Est, rien qu’à Nairobi, «plus de 1000 visites professionnelles ont été organisées l’année dernière, environ 5000 réservations d’hôtel, – l’équivalent de plus d’un million de francs – quelque 3000 billets d’avion ont été achetés: c’est un facteur économique».

Sereina Donatsch

Après un Master en science politique à l’Université de Lausanne, Sereina Donatsch, 30 ans, a écrit des piges pour 24 heures, tout en travaillant à la rubrique en ligne de l’Agence Télégraphique Suisse (ATS) pendant une année. A côté de son emploi, Sereina a également travaillé pour l’association Franc-Parler où elle a enseigné bénévolement le français à des femmes immigrées. Actuellement elle termine son stage RP à la rubrique étrangère de l’ATS.

Matilda Nzioki

Matilda Nzioki est une jeune journaliste kenyane spécialisée dans le reportage. Elle travaille dans les médias depuis un peu plus de cinq. Elle collabore à Mediamax Network à Nairobi. Matilda est diplômée en langage et communication, et en français, de l’Université de Nairobi. Elle est actuellement en congé de formation (Global Media and Communication) à l’Université de Warwick en Grande Bretagne. Auparavant elle a collaboré comme reporter, depuis 2008, au quotidien The Standard, toujours à Nairobi Matilda parle kamba, swahili et anglais, mais se débrouille aussi couramment en français, qu’elle a étudié à l’école, puis à l’Alliance Française et enfin lors de ses études universitaires. Motivée par l’espoir de voir la fin de la souffrance humaine, elle donne de son temps libre à des activités bénévoles.

Sereina Donatsch

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