Un reportage EQDA
Pour une personne incapable de lever le plus petit doigt, ou tout simplement incapable de faire quoi que ce soit sans assistance à cause de son handicap moteur, visuel ou mental, les nouvelles technologies constituent des moyens auxiliaires salutaires. C’est du moins l’avis de la quasi-totalité des personnes en situation de handicap rencontrées au cours d’un séjour d’une semaine passée en Suisse, grâce à EQDA 2016.
Qui aurait cru qu’une personne handicapée des orteils jusqu’au cou, peut ouvrir des portes, allumer ou éteindre les lumières, baisser les stores, et même mieux, sortir faire des courses ou dispenser des cours ? Eh bien, c’est possible grâce aux nouvelles technologies. Et ce n’est pas Béatrice Renz, tétraplégique depuis plusieurs années à cause d’une sclérose en plaque, qui dira le contraire. Rencontrée à son domicile à Fribourg (Suisse) dans le cadre de l’édition ‘’En quête d’ailleurs’’ 2016, «Béa», comme l’appelle affectueusement son assistante d’origine érythréenne, dispose de la télécommande universelle, grâce à la Fondation Suisse pour les téléthèses (FST). D’ailleurs, elle en est une testeuse pour tous les James crées par ladite fondation.
Interrogée sur sa première réaction au contact du James, Béatrice Renz répond que «c’était fantastique. Avec James, je me sentais comme un enfant». Pour cause, informe-t-elle, elle faisait des va-et-vient pour un rien entre son appartement et le supermarché au bas de l’immeuble, en commandant les portes de l’ascenseur avec son James. Elle explique qu’avec James, elle parvient à faire des achats, allumer la radio ou la télé, et même émettre des appels. Mieux, avec cette nouvelle technologie, elle a écrit son deuxième livre ‘’Je vous caresse avec mes yeux’’, publié aux éditions Zénobie en 2015. Grâce à un bouton placé au niveau de son oreille droite, «Béa» parvient à «toquer», comme elle dit, pour écrire lettre par lettre. «Ça va lentement, mais vous avez le temps de réfléchir. C’est une sorte de méditation entre l’appareil et vous», confesse-t-elle. En réalité, confie-t-elle, «je suis plus libre que je ne l’étais», ou encore mieux «au fond de moi, je me dis que je suis guérie», se réjouit-elle.
La technologie dans le domaine de l’assistance est aussi bien appréciée par Jean-Marc Meyrat, coresponsable de l’antenne romande de la Fédération suisse des aveugles et malvoyants (FSA). Rencontré dans un café, au bas de l’immeuble de la Bibliothèque sonore romande à Lausanne, M. Meyrat témoigne à cœur ouvert des bienfaits de l’avancée technologique. A l’en croire, «il y a 20 ans de cela, un logiciel de lecture d’écran, il fallait attendre 6 mois ou 1 année pour que la dernière version de Windows soit compatible. Maintenant, c’est presque instantané». Pour lui, maintenant les moyens technologiques sont disponibles pour pouvoir, en tant qu’aveugle, piloter son Iphone en braille. Connaissant bien l’Afrique, pour y avoir effectué des voyages et équipé des écoles de jeunes aveugles (Afrique du Sud, Burkina Faso), Jean-Marc Meyrat trouve qu’il y a de gros efforts qui ont été faits pour avoir des terminaux en braille, financièrement accessibles à leur niveau, mais pas en Afrique. En effet, M. Meyrat dispose d’un terminal en braille à 5000 francs suisses, qu’il peut brancher directement par Bluetooth à son Iphone. Ce qui lui permet de lire tout ce qui se trouve sur l’écran de son téléphone portable. Il a, par ailleurs, informé que d’ici la fin de l’année, un autre terminal du même genre, qui s’appelle Orbite, sera mis sur le marché à 300 francs suisses. Sur les bienfaits de la technologie pour les personnes vulnérables, il explique que grâce au numérique, il parvient à faire transcrire en braille papier les livres du programme scolaire burkinabé à des prix acceptables en Suisse. «Le numérique joue un rôle important pour qu’on puisse produire des livres qui ne reviennent pas trop chers».