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La Suisse romande, l’air du temps est aux produits du terroir

La Suisse romande, l’air du temps est aux produits du terroir

LE REPORTAGE DE DELUX LEANG EN SUISSE

Vous voulez payer moins chers vos fruits et légumes de saison tout en soutenant les producteurs locaux ? Tournez-vous vers l’Agriculture contractuelle de proximité (ACP). En Suisse Romande, cette nouvelle forme de commercialisation des produits de la terre a pris son envol en 2003. Le principe est simple. Le client commande d’avance au paysan ses fruits et légumes et les produits lui sont livrés au moment de la récolte. En court-circuitant la grande distribution, les ACP permettent de récréer un lien social entre les consommateurs et le monde paysan tout en assurant un revenu lissé aux producteurs. Et l’on redécouvre que les produits de la terre vivent au rythme des saisons et que les carottes sont parfois fourchues, n’en déplaisent aux normes imposées par la grande distribution.

Les Ares et vous. Des mots qui sonnent comme le titre d’une comptine pastorale. C’est le joli nom de la structure créée en 2006 par Thomas Descombres pour commercialiser les légumes biologiques qu’il produit avec son frère sur le domaine de la Ferme des Verpillères, dans la commune de Choulex. Au fil des saisons s’épanouissent sur un hectare et demi des salades rouges, vertes, dentelés, frisées ou pommées, des courgettes, des tomates, des aubergines et des poivrons, des choux et des raves, radis et betteraves d’automnes ainsi que des fenouils, haricots, bettes, petits pois, carottes, pommes de terre et topinambours.

Les Ares et vous écoule cette production auprès de cent trente clients qui ont payé d’avance leurs achats, en espèces et en échange de quelques de travail sur l’exploitation. Cette formule de commercialisation des produits de la terre s’inscrit dans le mouvement émergeant de l’Agriculture contractuelle de proximité (ACP). « Pour nous, producteurs, ce système nous permet de ne pas travailler pour rien et nous procure des liquidités pour investir, explique Thomas Descombres. Ce mode d’échange nous permet aussi de créer un lien social avec nos clients qui viennent de temps en temps travailler la terre avec nous et comprennent ainsi mieux notre travail. Et les clients eux aussi y trouvent leur compte. La plupart ont de fortes motivations écologiques. Ils veulent consommer des produits locaux et biologiques. En venant ici, ils savent exactement ce qu’ils achètent et comment c’est produit. »

A part le lien social qu’apprécie Nicolas Bezençon, secrétaire syndical de l’UNITERRE, l’ACP aussi utile dans l’apprentissage. « Par exemple, les fruits de saison. L’ACP montre que les fraises n’existent pas toute l’année; comme dans les grands marchés. Pédagogiquement parlant, c est bien pour les enfants. »

« On aide les paysans et les produits sont délicieux »

Moins d’émissions de gaz à effets de serre liés aux transports de produits, moins d’emballages plastique, la garantie de consommer des produits sains et de qualité, Liza Mazzonne, une Genevoise à la fibre très verte qui s’est abonnée depuis un an aux Potagers de Gaia, ne compte plus les raisons de faire de la promotion des ACP auprès de ses amis. « On aide la nature à se renouveler, on aide les paysans et les produits sont délicieux. C’est bien même si parfois il faut être compréhensif parce que les récoltes que nous attendions n’ont pas été bonnes. »

En Suisse romande, l’ACP a pris son essor en 2003, note Natacha Porcher, dans un rapport commandité en 2008 par la Fédération romande pour l’Agriculture contractuelle de proximité. Les initiatives ACP, au nombre de 21 en 2008 impliquant 5000 contrats et 80 exploitations, vont bien au-delà de la vente directe du producteur au consommateur. « Cette démarche pour préserver une agriculture locale pour une population locale s’inscrit dans une réflexion profonde reconsidérant les différents aspects d’un mode de vie basé sur la consommation de masse », analyse Natacha Porcher.

Les ACP fédèrent producteurs et consommateurs contre les normes imposées par la grande distribution, favorisant une gestion productiviste de l’agriculture, agressive pour l’environnement et peu soucieuse des difficultés économiques et sociales du monde paysan. Pour Antoine Besson, ingénieur agronome et professeur à l’Hepia, l’ACP, en court-circuitant la grande distribution, peut améliorer le niveau de vie de paysans en leur permettant de capter de la valeur ajoutée. « La plus grande partie de la valeur ajoutée est captée par les intermédiaires qui sont peu nombreux comparés aux producteurs. Je crois beaucoup aux petits collectifs de paysans qui s’allient. Ensemble ils peuvent récupérer cette valeur ajoutée en transformant eux-mêmes leurs produits. »

Une économie de 25% sur les coûts de production

« L’ACP permet d’éviter le gaspillage, renchérit Christian Bavarel, député des Verts au Parlement genevois. Dans l’agriculture classique, beaucoup de produits son jetés pour cause de non-conformité. Un concombre tordu se ne sera pas admis parce qu’il ne rentre pas dans les caisses. Il y a donc une économie d’au moins 25% sur les coûts de production comparé aux modèles classiques. Le consommateur est content car les produis sont légèrement moins chers et généralement bio. Le producteur quant à lui a un revenu assuré et lissé, ce qui lui permet de maitriser ses investissements et d’échapper à la forte spéculation du marché. Il n’a pas besoin par exemple de faire chauffer ses serres pour être le premier sur le marché. »

Partout dans le monde, l’ACP a des petites sœurs : les AMAP (Association pour le maintien de l’agriculture paysanne) en France, les CSA (Community Supported Agriculture) aux USA et au Canada, les « Teikei » au Japon. Ainsi portée par l’air du temps, en Suisse romande comme ailleurs, l’ACP n’en reste pas moins cantonnée qu’aux consommateurs individuels. Comme le souligne Alexandra Silauri, du secteur promotion de la qualité et des ventes de l’Office fédéral de l’agriculture, « l’ACP ne touche pas la consommation hors foyer, dans les restaurants, les hôpitaux, les cantines scolaires. C’est là qu’il faut aussi faire l’effort de la proximité ».

Delux Leang

Je m’appelle Leang Delux, 31 ans. Je travaille actuellement pour le quotidien khmer, Rasmei Kampuchea. J’ai commencé à exercer le métier de journalisme avec le quotidien, Cambodge Soir, en langue française, en 2000, date à laquelle j’ai fini ma formation de journalisme à l’Université Royale de Phnom Penh. En 2003, j’ai pu travailler comme correspondant de Radio France Internationale pour le service cambodgien, notamment en langue cambodgienne. Et ce, j’ai continué jusqu’à présent. Après avoir quitté le journal francophone en 2008, j’ai commencé tout de suite avec un autre titre cambodgien, Rasmei Kampuchea où je suis chargé de rubrique politique et jeunesse.

Pauline Cancela

Pauline Cancela arrive au quotidien genevois Le Courrier en mars 2010, alors qu’elle est sur le point de terminer des études de science politique. Immédiatement passionnée par le métier qu’elle apprend au sein de la rubrique locale, la jeune femme de 27 ans se lance sans attendre. Aujourd’hui stagiaire RP, elle écrit pour la page internationale Solidarité.

Delux Leang

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