Un reportage EQDA
La forte croissance des nouvelles technologies numériques au service des personnes en situation de handicap en Suisse, laisse entrevoir le dépassement des limites du corps. Mais ces promesses sont confrontées à leurs limites en Suisse, et surtout ailleurs en Afrique. En effet, de la cherté des moyens électroniques auxiliaires à la problématique de la recherche d’emploi, en passant par le débat sur l’éthique de ces dits outils, ainsi que la dépendance persistante des handicapés et leur maladie dégénérative, force est de constater que ses souhaits restent éloignés de la réalité des «invalides».
Conçus pour l’intégration de personnes en situation de handicap dans le milieu du travail ou juste pour l’amélioration de leur condition de vie en leur permettant une certaine autonomie, les moyens électroniques auxiliaires butent à ce jour à de nombreux défis. En effet, lors de l’entretien avec Jean-Marc Meyrat, ce dernier a fait savoir que les moyens technologiques existent, mais la cherté du matériel, ainsi que la disponibilité des infrastructures, sans oublier la qualité des communications, restent les gros problèmes en Afrique. «L’implantation de ce genre de matériel en Afrique restera pour une certaine élite, pendant encore beaucoup d’années», a prédit M. Meyrat. Ce qui n’est certainement pas le cas en Suisse, surtout avec le soutien de l’assurance invalidité (AI).
Toutefois, critiqué à tort ou à raison, l’AI a mis en place un certain nombre de critères pour rationaliser les dépenses et pérenniser l’assurance, selon François Moreillon de la FSCMA. Des garde-fous qui ne manquent pas, par moments, d’être attaqués en justice par les demandeurs, pour l’arbitrage du tribunal cantonal, ou même fédéral. L’autre équation à résoudre, est de trouver le juste milieu entre l’autonomie et la protection. En effet, l’adulte se caractérise par son autonomie: liberté d’initiative et de décision sur ses propres intérêts, et pouvoir d’agir sans l’intervention ou l’autorisation de quiconque. Toutefois, cette condition peut révéler des limites lorsque l’avancée en âge s’accompagne d’une certaine vulnérabilité.
Ainsi, il n’est pas rare que l’association Intégration handicap, ou même un tiers, assiste en justice un particulier pour violation de l’interdiction de discriminer, prévue à l’art. 6 de la Loi fédérale sur l’élimination des inégalités frappant les personnes handicapées (LHand). Ce qui met à rude épreuve les responsables de certains établissements spécialisés, obligés qu’ils sont parfois de faire recours à l’avis des curateurs avant de prendre certaines décisions de sécurité pour les personnes en situation de handicap. Il faut, en outre, noter que ces moyens électroniques auxiliaires ne rendent pas une totale autonomie aux personnes avec un handicap, surtout aux tétraplégiques. En effet, même si elles parviennent à combler certains soucis moteurs, il n’en demeure pas moins que certaines tâches restent toujours impossibles pour ces personnes atteintes d’un handicap sérieux. L’autre aspect et pas des moindres à ne pas occulter, c’est que certaines d’entre elles traînent des maladies dégénératives. Ce qu’en réalité la technologie numérique ne parvient tout de même pas à freiner.
L’autre lancinante question à laquelle sont confrontées les personnes en situation de handicap est la recherche de boulot. Selon les confidences de Jean-Marc Meyrat, «il est extrêmement difficile pour un aveugle de trouver du travail pour diverses raisons». A l’en croire, il y a un problème d’ouverture des milieux patronaux, même s’il admet que les personnes handicapés de la vue sont mieux formées en France et qu’elles ont des boulots plus intéressants qu’en Suisse. Pour lui, même s’il y a des têtes de gondoles qui ont quelques boulots intéressants, il y a peu de gens qui sont vraiment à des postes attractifs