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Le Sénégal a besoin de plus de pépinières d’entreprises

Le Sénégal a besoin de plus de pépinières d’entreprises

Un reportage EQDA

Depuis cinq ans, les jeunes entrepreneurs sénégalais les plus prometteurs dans les technologies de l’information et de la communication (TIC) trouvent du soutien dans la pépinière CTIC Dakar. Mais il manque une volonté politique pour faire décoller ce secteur, déplorent ses acteurs.

CTIC propose deux programmes. L’un est un programme d’accélération sur six mois pour des porteurs de projets. Il vise à renforcer leurs capacités en management, en design, en levée de fonds, et à les aider à finaliser leur prototype.

L’autre programme est une incubation sur trois ans. Là, CTIC met des locaux équipés à disposition de l’entreprise et accompagne celle-ci sur le plan de la gestion comptable, fiscale et juridique, ainsi que pour les ressources humaines.

En cinq ans, cette structure a accompagné près de 80 entreprises, à savoir 51 entreprises accélérées et 27 entreprises « incubées ». Le taux de survie après l’incubation atteint 85%, indique Eva Sow Ebion, collaboratrice de CTIC Dakar.

Limité
Le CTIC est un instrument très utile, commente Eugène Niox, secrétaire de l’Organisation des professionnels des technologies de l’information et de la communication (OPTIC). Mais son impact reste limité du fait de sa petite taille, poursuit-il.

Il y a quelques années, le chef de l’Etat Macky Sall a promis 500 millions de francs CFA (820’000 francs) pour développer le CTIC, mais c’est resté lettre morte, raconte-t-il. « Nous avons un gros problème de mise en oeuvre, dans ce pays. Beaucoup de programmes dorment dans des tiroirs. »

La branche des TIC souffre d’un manque d’intérêt de la part de l’Etat, même pour les entreprises déjà établies, déplore M. Niox. « La volonté de contribuer à un secteur privé fort n’est pas là. On ne la ressent que dans les discours mais pas dans les actes ».

Pas pris au sérieux
Dans un pays en développement, le principal pourvoyeur de mandats d’envergure est l’Etat. Or, il confie régulièrement de gros contrats à des groupes étrangers plutôt qu’à des entreprises sénégalaises.

Exemple récent: c’est une société malaisienne qui a obtenu le mandat de réaliser des cartes d’identité numériques (50 milliards de francs CFA). Eugène Niox juge ce cas particulièrement « scandaleux », vu l’aspect sensible de la récolte de données au sujet de la population.

« Pourtant, l’expertise existe au Sénégal », affirme-t-il. Certaines entreprises locales compétentes ne sont pas prises au sérieux sous prétexte qu’elles ne comptent qu’une vingtaine d’employés.

Les PME rencontrent aussi un problème de financement. Celles des TIC, surtout, auraient besoin de plus de sociétés de capital-risque, à défaut de trouver une offre adaptée dans le système bancaire classique, « parce qu’on demande là de financer de la matière grise ».

Martine Salomon

Après une licence en Lettres à Neuchâtel, Martine Salomon a effectué son stage de journaliste à l’Agence Télégraphique Suisse (ats). Elle a travaillé à la rubrique économique pendant plusieurs années, puis est devenue correspondante dans les cantons de Fribourg et Neuchâtel. Toute l’actualité est au menu, des procès aux assemblées politiques, en passant par les activités industrielles, les expositions muséales ou encore la recherche scientifique.

Jean Michel Diatta

Jean-Michel Diatta est journaliste reporter au journal Sud Quotidien à Dakar (Sénégal) depuis 2013. Auparavant il a fait un stage à la radio Sud FM à Ziguinchor. Après suivi une formation dans l’hôtellerie, domaine où il a travaillé durant quelques années, il a changé d’orientation et a obtenu un diplôme de l’Institut supérieur des sciences de l’information et de la communication de Dakar en 2013. Il continue sa formation en vue de l’obtention d’un master.

Martine Salomon

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